« J’ai trouvé un havre de paix  »  

Catholique pratiquante, Sarah* vivait dans une petite ville d’Albanie à majorité musulmane. Elle était la seule catholique de sa classe. Souvent moquée, elle en souffrait et vivait des situations quelquefois tendues. Un jour, son père pourtant catholique, décida de changer de religion et de devenir musulman. À partir de ce jour, il a commencé à exercer une pression sur sa femme et sa fille afin qu’elles changent, elles aussi, de religion. Ce qu’elles ont refusé. Quand la situation est devenue trop tendue et qu’elles ont commencé à être menacées, elles ont décidé de quitter l’Albanie et ont demandé l’asile en France. Après un court séjour parisien, elles sont arrivées à Nantes et ont été initialement logées dans un centre d’accueil de demandeurs d’asile (CADA), puis un petit logement d’urgence leur a été fourni par le diaconat protestant.
Quelques temps plus tard, une chambre leur a été proposée à l’hôtel social Saint-Vincent-de-Paul, dans l’attente de la fin de la procédure de demande d’asile. « Au début, je ne voulais pas venir dans cet hôtel social, car j’étais bien dans notre appartement. Et puis j’ai découvert la gentillesse de tous ceux qui sont avec nous et maintenant, je ne veux plus partir » raconte Sarah.

Portée par l’espérance

Au mois de juin, Diana Torres, chargée du développement du réseau national des jeunes Vincentiens, a effectué un week-end en tant que bénévole au sein de l’hôtel social et a rencontré Sarah. Touchée par son histoire, elle lui a proposé de participer au grand rassemblement d’été des jeunes Vincentiens à Vermenton (Yonne, 89) sur le thème « Servir dans l’espérance », ce qu’elle a immédiatement accepté.
Sarah témoigne : « C’était magnifique ! Je ne voulais pas rentrer ! Tout le monde était gentil et tellement attentionné. La difficulté de la langue me faisait un peu peur, mais il y avait toujours quelqu’un pour m’expliquer. J’ai vécu des moments formidables et inoubliables. Ce n’était pas la première fois que je faisais ce genre de rencontre. En Albanie, je faisais partie des « Ambassadeurs de la Paix ». Une fois par an, au mois d’août, nous organisions aussi un camp d’été dans lequel nous invitions les personnes pauvres. Les gens venaient de toute l’Albanie. Il y avait un camp pour les 14 à 16 ans, et un camp pour les 18 à 20 ans. C’étaient des rassemblements catholiques et nous avions une messe tous les jours. Le rassemblement de cet été avec les jeunes de la Société de Saint-Vincent-de-Paul m’a rappelé ces beaux moments vécus en Albanie, et cela m’a fait beaucoup de bien. Nous avons prié ensemble et les prières se ressemblent beaucoup. C’était un très beau séjour, plein d’amitié et de prières, qui m’a donné du courage. »

Un havre de paix

Sarah et sa maman se rendent régulièrement dans les églises pour prier et demander de l’aide à l’Esprit Saint dans leur parcours d’exil. Sa maman ayant obtenu sa demande d’asile, Sarah attend maintenant la réponse, suite à sa nouvelle demande.
Ses amis lui manquent, mais elle a rencontré récemment les bénévoles de l’équipe des jeunes de la Société de Saint-Vincent-de-Paul de Nantes et espère très vite les accompagner dans leurs maraudes au centre de Nantes. Elle a fêté Noël loin de son pays et de ses proches, mais elle se sait entourée de nouveaux amis remplis de bienveillance, au sein de l’hôtel social Saint-Vincent-de-Paul où, avec sa mère, elle a trouvé un havre de paix et une nouvelle famille.

Benoit Royal, président de la SSVP de Loire-Atlantique

* Son prénom a été changé pour des
raisons de protection et de discrétion.