« L’écoute, c’est très important,référente
car on se sent important aux yeux de l’autre ! »
Julie a pris l’initiative d’écrire de Bordeaux à la rédaction d’Ozanam magazine, il y a quelques mois, pour nous partager ce qu’elle a reçu au sein de la Conférence qui l’accompagne. Nous avons voulu la rencontrer.
Crédit photo : Charles Plumey

Voici un extrait de la lettre que Julie nous a fait parvenir. « Je suis bénéficiaire à la Conférence Saint-Vincent-de-Paul depuis un peu plus d’un an, mère de deux enfants et sans ressources car je n’ai pas les documents nécessaires pour pouvoir travailler. Il me tient vraiment à cœur de témoigner toute ma reconnaissance et gratitude aux bénévoles qui m’ont accompagnée au fil des semaines. Au début, j’avais honte d’être descendue aussi bas, car ce n’est pas toujours facile de demander « la charité ».Mais les bénévoles que j’appelle les anges m’ont accompagnée, écoutée, encouragée et surtout redonné espoir. J’ai trouvé non seulement une aide alimentaire et vestimentaire, mais aussi la chaleur et l’amour humain. Il y a des jours où je suis au bout du rouleau, mais je ressors toujours avec le sourire et du réconfort grâce à l’accueil chaleureux.



« Un lien s’est créé » Julie
Crédit photo : Charles Plumey
Comment avez-vous rencontré la SSVP ?
Demander de l’aide, cela me faisait honte. Mais dès le premier jour, je me suis sentie adoptée comme un membre de leur famille. Un lien s’est créé… J’ai reçu de quoi manger, m’habiller mais surtout de l’amitié, des sorties avec d’autres bénéficiaires et l’équipe de bénévoles. Et des formations. Aujourd’hui encore, je fais toutes les formations que je peux : cours de français, bureautique, etc.
Comment créer un climat de confiance selon vous entre deux personnes ?
L’écoute. C’est très important. Même une petite écoute. Car on se sent important aux yeux de l’autre. Écouter sans donner de conseils. Car donner des conseils sans écouter, ils ne seront sûrement pas adaptés. Et peut-être un jour en donner, mais pas au début. Moi, quand on me donne des conseils, je les prends mais c’est moi qui décide si je vais les suivre ou pas.
Et puis il faut vivre des choses tous ensemble. Par exemple, nous faisons un atelier cuisine à la Conférence. Mais nous sommes toujours les mêmes à venir et ensuite à manger ensemble. Ce serait bien que tous les mois ou deux mois, nous partions tous ensemble, personnes accueillies et bénévoles, pour aller faire un pique-nique. Chacun apporterait quelque chose à manger et à partager, ça favorise la confiance d’être ensemble.
Qu’est-ce qu’il vous paraît essentiel de partager avec une personne ?
D’oser être qui on est. Moi, je viens d’un pays paradisiaque où j’avais une belle vie. Mais après mon mariage, j’ai basculé et j’ai perdu ma foi.
Mais je l’ai retrouvée à travers un visage. C’était celui de Marie-Françoise, bénévole qui m’a accueillie le premier jour. C’est là que j’ai retrouvé ma foi. Je n’ai pas de mots pour dire cela…
C’est comme si maintenant, j’étais devenue une autre personne, forte, qui peut tout affronter grâce à l’amitié avec les bénévoles. Certains me donnaient des petites prières sur des morceaux de papier et je les ai gardés. Et cette phrase : « Celui qui demande reçoit ». Moi, j’avais honte de demander. Mais quand j’ai osé, j’ai beaucoup reçu ! C’est leur façon de venir à moi, de se soucier de moi, de m’aimer. Ils m’ont accueillie comme j’étais. C’est inoubliable et inexplicable !
Que diriez-vous aujourd’hui si vous croisiez une personne qui semble être très abîmée par la vie ?
Il faut prendre courage ! C’est une phrase que je n’aimais pas que l’on me dise. Car je me disais que celui qui me disait ça ne comprenait pas ce que je vivais, qu’il ne vivait pas ce que je vivais. Mais il faut prendre cette phrase dans le bon sens : se redresser, se mettre debout grâce à l’aide de quelqu’un. Prendre courage et avoir la foi, c’est important pour affronter la vie.
La démarche
quelle est ta souffrance ?
La première chose qui a attiré mon attention est la fameuse phrase affichée dans le local de la Conférence : « Je ne te demande pas quelle est ta race, ta nationalité ou ta religion, mais quelle est ta souffrance. » Cette petite phrase reflète bien le travail et l’histoire de notre Conférence. C’est une grande famille.