UN PETIT-DÉJEUNER…
Pour partager plus qu’un café et se réchauffer le cœur
Proust a sa madeleine, la paroisse Saint-Etienne-du-Mont (Paris 5e) a son café. Sa chaleur et ses effluves offrent réconfort à des dizaines de visiteurs matinaux. Le petit-déjeuner du samedi est un moment de convivialité. Il permet aussi de répondre, avec délicatesse et discrétion, aux besoins singuliers de chacun.
AU CŒUR DE L’ACTION > LA SSVP SUR LE TERRAIN

8 h

8 h 30

9 h

10 h

11 h
8 h
L’équipe de la Société de Saint-Vincent-de-Paul de la paroisse Saint-Etienne-du-Mont à Paris (5e)s’agite dans un ballet de couteaux et de cuillers. Qui coupe les baguettes, qui étale beurre, confiture, pâté et rillettes, qui fait chauffer le café ou les œufs durs… le petit-déjeuner se prépare. Anne et Reine-Line papotent et distribuent les missions.
Ça me remonte le moral
de parler
8 H 30
Il est temps de déployer les barnums achetés grâce à une subvention de la Fondation Notre-Dame. Les hommes, bénévoles comme bénéficiaires, prêtent main forte. Avant, le petit-déjeuner avait lieu à l’intérieur du local. Plus possible, en temps de pandémie.
9 H
Anne fait une petite tournée sanitaire : « On n’est plus censés faire ce qu’on fait. Alors, pour être dans les clous, on distribue masques et gel hydroalcoolique. On a aussi acheté des pochettes en papier, des sachets plastique pour portionner les aliments distribués… »
10 H
Le petit-déjeuner bat son plein. Les visiteurs sont en majorité des hommes, de tous âges, de toutes origines. Et entre ces personnes bigarrées règne, en général, une franche camaraderie. « Ça me remonte le moral de parler, car je n’ai pas beaucoup d’occasions de le faire sinon », raconte par exemple Monce,
un Tunisien isolé qui a fait des études supérieures de chimie et de mathématiques, et qui est en grande difficulté à cause de problèmes de santé. Depuis trois mois, ce café est la seule boisson chaude qu’il boit dans la semaine. Claude, ancien toxicomane, vient pour sa part depuis près de vingt ans pour discuter, et il s’est même fait baptiser ! Sepp, l’espiègle, ancien professeur d’histoire ultra cultivé, jongle avec les calembours : « Je viens voir les copains car je déjeune très peu le matin. Je préfère les nourritures spirituelles. »
11 H
Mathilde et Serge s’affairent au vestiaire. L’aide prodiguée ici dépasse la chaleur d’un café partagé. Selon le besoin, les bénévoles essaient d’offrir une solution matérielle, administrative… « Ils m’aident à m’installer en me donnant du linge de lit, de toilette. Ça dépanne. », illustre Rose-Marie tandis qu’une autre dame remplit des papiers administratifs, conseillée et consolée par une bénévole. « Les gens ont besoin d’écharpes, de pantalons…, commente Mathilde, mais aussi d’être écoutés, tout simplement. »
EN SAVOIR +
La solidarité, ça commence par connaître ses voisins
Le petit-déjeuner solidaire n’est pas la seule action des Vincentiens du 5e arrondissement. Repas dominicaux bimensuels, maraudes, visites aux personnes âgées isolées, hébergement d’urgence… les bénévoles essaient de répondre aux problématiques locales en s’appuyant sur les équipes jeune et aînée, ainsi que sur la solidarité entre habitants du quartier. Ils sont au cœur d’un écosystème de commerçants et restaurateurs qui offrent restes et invendus, de petites associations et de plus grandes avec lesquelles ils trouvent des arrangements, comme la Croix-Rouge, le Secours Catholique ou encore Emmaüs. Des échanges de bons procédés qui permettent d’éviter les gaspillages et de maximiser l’aide aux personnes les plus fragiles.